Les récentes Journées du Patrimoine ont connu un même regain de ferveur au Manoir d’Argouges… N’y  fêtait-on pas aussi le centenaire des premiers classements au titre des Monuments Historiques (1913-2013) ? Bref, le bilan fut à nouveau des plus positif – en dépit d’une fréquentation sans doute globalement insuffisante.

Il n’a cependant pas échappé à nos fidèles amis venus nous assister pour la parfaite organisation de ces deux jours - sous un ciel finalement clément - un nombre significatif de « grincheux », se disant scandalisés par le fait de demander aux visiteurs de bien vouloir acquitter un droit d’entrée pour accéder aux  visites commentées, alors que « c’est une honte… « ça » touche en permanence des subventions avec l’argent du contribuable et ça veut qu’on paye en plus ! » - ainsi que l’a accortement (et significativement) braillé à la cantonade une délicieuse créature chenue, en vérité, elle-même  assez proche du chef d’œuvre en grand péril - en mal d’une gratuité escomptée - de toute évidence, principale motivation de son déplacement vers nos murs séculaires.

Une aimable tentative de pédagogie n’y fit rien : elle gloussa, éructa, postillonna, vociféra, jeta maints anathèmes - tant sa ire était profonde et sans appel… Il en fallait certes plus pour nous troubler dans notre tâche d’accueil et de veille au bien-être de tous et chacun. Le public à l’entour s’en montra d’ailleurs désolé pour nous et ce fut notre légitime réconfort immédiat.

Reste que la notion-même de « Monument Historique Privé » - et surtout la condition de « propriétaires » de ces dits monuments - semble bien mal perçue parfois : au-delà du désengagement quasi-général d’un Etat autiste, impécunieux et défaillant à l’égard de ce patrimoine privé - que la plupart des détenteurs porte à bout de bras pour tenter de maintenir, entretenir, restaurer et transmettre - il y a l’abnégation constante ; les heures de tâches multiples et incessantes (souvent harassantes) ; le désintéressement total pour gérer ces gouffres sans fond que sont ces éléments de notre patrimoine historique bâti, auquel on se montre viscéralement attaché.

Mais qui le sait ? En fait, beaucoup ! Qui feint de ne pas le savoir ? Trop !

Et trop… C’en est trop ! Car il y a de l’héroïsme dans la discrète et valeureuse posture actuelle de tous ces propriétaires de monuments historiques privés – héritiers ou repreneurs de ce qui constitue l’âme de notre Pays, son ADN absolu, autant que la plus sûre composante de sa cohésion sociale sur le territoire et la reconnaissance d’une authentique grandeur française, perçue au-delà de nos frontières. Le Tourisme, avec ses emplois directs et indirects, représente plus que notre seule Industrie Automobile nationale, ne l’oublions pas, de grâce !

Voilà donc notre petit billet d’humeur, notre nouveau « goût de cœur » pour prévenir quelques coups de pied au cul, qui seraient ô combien justifiés pourtant !

Les propriétaires de Monuments Historiques privés - bien souvent livrés à eux-mêmes, avec leurs bâtiments qui menacent ruines - sont plus que respectables. Ils sont remarquables et doivent donc être remarqués à bon escient : les droits d’entrée ne sont jamais autre chose que la juste contribution de chacun à ce qui constitue avant tout la sauvegarde de notre patrimoine commun. De facto, notre mémoire collective. Il est de fort mauvais aloi que de vouloir tirer sur les ambulances et leurs ambulanciers bénévoles…

Aucune aigreur dans le présent propos : les très nombreux témoignages de nos visiteurs enthousiastes nous réconfortent amplement à cet égard. Mais qu’on en finisse avec ces vociférations, aussi imbéciles que stériles. Le temps des échafauds révolutionnaires est révolu et la noblesse du peuple tient plus à son admiration instinctive pour les fleurons de notre Culture française que nous entendons promouvoir au niveau international, en pratiquant personnellement les visites en français, anglais et allemand. Notre image de constante ouverture en dépend.

Après tout, le Manoir d’Argouges (C.M.H.) - défini comme « lieu hors norme, hors de l’espace et hors du temps » - ne se mérite- t’il pas ? Cela n’a réellement pas de prix – dusse notre harpie d’hier en souffrir !